Mat, pour débuter cet entretien, peux-tu revenir sur tes origines et ton apprentissage de la musique ?
J'ai commencé relativement tard mon apprentissage de la musique puisque j'avais 15 ou 16 ans. Je « gavais » ma mère afin qu'elle m'offre une guitare digne de ce nom, puisque celle qu'il y avait à la maison n'avait que 3 cordes. Une fois le fameux instrument obtenu, je m'enfermais dans ma chambre afin d'y jouer le plus possible. Je fonctionnais en autodidacte, je n'ai jamais pris beaucoup de cours.

A l'époque j'écoutais beaucoup de Rock mais aussi pas mal de chanson française; Brassens, Ferré, Brel etc...
De ce fait, lorsque j'ai débuté, je jouais surtout des morceaux français... surtout des titres de Brassens !

De quelle manière as-tu découvert le Blues alors ?
C'était à un concert de BB King à Juan-les-Pins, je devais avoir 15 ou 16 ans. J'ai fondu en larmes, tant j'ai été « électrisé » des orteils aux cheveux. Je me suis vraiment demandé ce qu'était ce truc de « malade » !

Je trouvais cette musique presque trop forte pour moi. Je l'ai donc mise un peu de côté avant d'y revenir lorsque j'ai estimé que c'était le bon moment.

Quand as-tu commencé à t'impliquer à 100% dans la musique ?
J'ai toujours fait des cafés concerts jusqu'à ce que je rencontre Barefoot Iano. C'est alors que nous nous sommes vraiment impliqués dans notre musique. Le point de départ a été « Blues sur Seine » en 2006, le fait de remporter plusieurs prix lors de ce tremplin a été un vrai déclic. Nous devons une fière chandelle à Jean Guillermo, le créateur de cette manifestation.

Puis tout s'est enchaîné très rapidement, le FestiBlues de Montréal et, l'année dernière, nous avons représenté la France à l'International Blues Challenge de Memphis. Ceci nous a permis de réaliser une tournée aux USA...
Aujourd'hui, nous remportons le Prix du Cognac Blues Passions. C'est magique !

Nous avons l'impression d'aller dans un train qui va vite....
Nous repartons en tournée aux USA en septembre 2009 puis en Afrique en fin d'année. Dans deux jours je serai en Norvège, c'est vraiment le bonheur !

De quelle façon as-tu rencontré Barefoot Iano ?
C'était dans un café concert, pas loin de chez moi, à Saint Pierre de Chartreuse en Isère. Il faisait un truc en solo, guitare-harmonica et chant. A la fin du concert le public lui a demandé de me faire monter sur scène.

Du coup je me suis pointé et lui ai proposé de faire un morceau. Finalement nous sommes restés une bonne heure et demi, ensemble, sur cette scène. Le feeling est passé instantanément...

Tu te produis aussi bien en duo, avec lui, sous le nom de Mountain Men qu'en groupe avec Mojo Hand. Est-ce pour pouvoir toucher à un maximum de styles de Blues que tu as décidé de chanter dans ces diverses configurations ?
Mojo Hand était, au départ, un groupe qui me permettait de me lancer des défis en chantant des morceaux à la T Bone Walker ou à la Louis Jordan.
Concrètement, je ne sais pas ce que va devenir Mojo Hand. Le groupe Mountain Men a pris une telle ampleur au niveau national, et même international, qu'il me prend tout mon temps. Nous venons de signer dans une grosse maison de production « Echo prod » qui n'est pas du tout spécialisée dans le Blues et qui compte, déjà, parmi ses artistes Sinsemilia ou Pep's.

J'adore Mojo Hand et, surtout, les gens qui constituent ce groupe mais ma priorité est Mountain Men. J'ai aussi une famille à gérer à côté...

Le fait d'être un provincial a-t-il été un handicap par rapport à l'élan que tu as souhaité donner à ta carrière ?
Je n'ai pas l'impression. On a tendance à dire que tout se passe à Paris, ce qui n'est pas complètement faux. Si tu es organisé et que tu obtiens le soutien de radios et de télévisions locales, tu peux créer un buzz. J'aime bien monter à Paris 4 jours pour le boulot mais je ne pourrais pas y rester plus longtemps. J'aime bien revenir me ressourcer, chez moi, en montagne (rires).

Tu me disais que tu as des influences multiples. Celles-ci se ressentent-elles dans ton style ?
Je pense que oui. Je suis une éponge et j'ai la faculté de connaître par coeur une chanson après ne l'avoir entendue qu'une seule fois.
Mes goûts sont très éclectiques, j'écoute du Rock, du Métal, de la Chanson Française, du Blues, du Gospel, des Spirituals etc...
La musique que j'écris avec Iano est un mélange de tout cela. Nous ne sommes pas 100% Folk, nous ne sommes pas 100% Blues, nous ne sommes pas 100% Rock, nous sommes Mountain Men...

Peux-tu revenir sur ton expérience américaine, suite à l'International Blues Challenge de Memphis, et ton premier contact avec le public là-bas ?
J'étais dans la voiture lorsque j'ai appris que je partirai à Memphis... j'ai dû me garer sur la bande d'arrêt d'urgence... c'était vraiment un truc de malade !
Le premier contact a été très bon, c'était comme dans un film. Je me vois encore jouer à Memphis, sur Beale Street, dans des Clubs mythiques...
Nous finissions, à chaque fois, devant des publics debout. C'était comme cela pendant toute cette tournée organisée par la West Michigan Blues Society...

Je suppose que tu as rencontré plusieurs artistes locaux à cette occasion. As-tu eu l'opportunité de jouer avec certains d'entre eux ?
Nous avons eu la chance de tourner avec Watermelon Slim qui nous a mis une grosse claque (rires).
Après nous avons rencontré pas mal de « belles » personnes comme Bob Margolin, Willie « Big Eyes » Smith etc...
Ce sont les gens qui ont inventé cette musique et ils sont d'une humilité exemplaire...

Peux-tu me parler de ta discographie ?
Il y a deux albums avec Mountain Men (« Mat with Iano » en 2005 et « Spring Time Coming » paru en avril 2009) ainsi qu'un CD de 5 titres avec Mojo Hand. J'ai aussi collaboré avec la maison de production « Sarbacane » qui édite des bandes dessinées. Ils ont sorti « Le rêve de Meteor Slim » qui parle de la vie d'un bluesman dans les années 1930. Cet ouvrage est paru, en série limitée, avec un vinyle dans lequel j'incarne le personnage principal. On y trouve, également, 4 compositions personnelles.

Quels sont tes projets ?
Il faut que je fasse le tri dans ma tête tant il y en a …
Cette semaine à Cognac m'a permis de faire plein de belles rencontres...
J'ai bien sympathisé avec Cedric Burnside, il faut dire que je suis un vrai fan du « clan » Burnside, des North Mississippi Allstars, de T Model Ford etc...

C'est brut, ça envoie et c'est devenu 90% de la musique que j'écoute...
J'ai dit à Cedric que je l'embaucherais bien pour 2 ou 3 trucs, il m'a dit qu'il n'y aurait pas de problème et qu'il était partant...
Je vais laisser « germer » tout cela dans ma tête mais j'ai beaucoup d'idées et je ferais bien quelque chose avec ces mecs là...

Dans cet optique, on peut facilement t'imaginer traverser l'Atlantique pour enregistrer au coeur même du Mississippi...
C'est dans nos plans, oui...
Le deuxième album a été enregistré à Grenoble avec un très bon ingénieur du son. Pour le suivant nous pensons aller enregistrer aux USA avec quelques invités..
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Le fait d'enregistrer à Nashville ou Memphis (Tennessee) me brancherait bien. Les musiciens ont tellement baigné dans cette musique et ils ont un tel son....

On sent un certain engagement quand on te voit sur scène. A l'instar de tes modèles Brassens ou Ferré es-tu un auteur revendicatif ?
Je ne sais pas si je suis revendicatif...
Je suis sur scène et j'en profite pour dire ce que j'ai à dire, même si je ne veux pas être « lourd » en ce qui concerne la politique. J'ai mes messages et je sais ce que je pense mais je ne force pas le public à partager mes opinions. Il y a des choses que je trouve si aberrantes que j'estime devoir le dire lorsque je me trouve face à un auditoire. Je dis ce que j'ai sur le coeur...

As-tu une conclusion à ajouter ?
Je suis sur mon nuage avec ce prix du Cognac Blues Passions...
Une fois de plus nous avons l'impression d'être dans le bon wagon, ça fait vraiment plaisir !
Tout s'enchaîne depuis 2006 et, à chaque fois que l'on pense que ça va se calmer, il y a un nouveau truc qui arrive, c'est magique !
Merci aussi à toi d'avoir pris le temps de m'écouter quelques minutes (rires) !

www.myspace.com/mrmatmountainmen
www.mojohand.fr